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Depuis une dizaine d’années, en parallèle de boulots alimentaires, Clément Cauvet crée des lampes. Des pièces uniques qu’il conçoit, fabrique artisanalement et vend grâce au bouche-à-oreille. Autodidacte, il n’a étudié que quelques mois dans une école d’art. « Je voulais faire de la peinture, mais j’étais tétanisé, confie-t-il. L’idée d’imaginer un objet fonctionnel qui parlerait à tous m’a semblé davantage cohérente et modeste : plus intéressante. »
Peu de moyens, de formation… Clément Cauvet revendique les contraintes. L’esthétique puissante, brutaliste et intemporelle de ses premiers travaux a séduit Frédéric Winkler, cofondateur avec Philippe Cazer de DCW, maison spécialisée dans l’édition de luminaires. Trois modèles de lampes à poser sont aujourd’hui édités à deux cents exemplaires chacun. Nommées Iota, Tau et Pi, ces petits colosses aux pieds de béton brut et plaques en laiton (brossé) plus précieux recouvrant les parties lumineuses s’intègrent parfaitement à l’univers industriel de DCW.
Lampes à poser Iota, Pi ou Tau, Clément Cauvet, 1 200 € chacune.
Lorsque le spécialiste de l’innovation grand froid rencontre l’experte de la déconstruction, cela donne forcément une collection hybride, au design peu conventionnel. Pour sa seconde collaboration avec Moncler, Chitose Abe, fondatrice japonaise du label Sacai, s’est plongée dans sept décennies d’archives de la marque aujourd’hui italienne pour imaginer les sept prochaines. D’origine française, Moncler a célébré ses 70 ans en 2022 et aime confronter son histoire aux visions créatives les plus pointues. L’approche futuriste de Sacai a donné naissance à quatre looks (deux pour femme, deux pour homme), déclinés en noir et en blanc cassé, totalement polymorphes, qui se muent à l’envi comme autant de chrysalides. Des sangles intégrées transforment une doudoune en sac à dos, les jambes d’un pantalon bouffant s’ouvrent pour devenir une cape, une veste et un blazer s’accrochent pour révéler une robe plissée… C’est aussi complexe et original qu’esthétique.
Moncler × Sacai
Electron libre du design postmoderne italien, Alessandro Mendini s’amusait à jouer avec les codes de l’histoire des arts dans toutes ses créations. La plus célèbre d’entre elles, c’est le fauteuil Proust, une bergère d’inspiration Régence de format XXL, qu’il avait entièrement peinte de motifs pointillistes empruntés à une toile de Paul Signac. De son vivant, le designer avait déjà appliqué ce motif sur ses tire-bouchons Parrot, Anna G et Alessandro M, qu’il avait dessinés pour la marque Alessi.
Directeur artistique de la maison fondée par son arrière-grand-père, Alberto Alessi a eu l’idée, en 2023, d’enrichir la collection de boules de Noël avec ces trois modèles en verre soufflé à la bouche et décorés des célèbres coups de pinceau inspirés par le tableau de Paul Signac, avec l’accord des héritiers d’Alessandro Mendini. Un hommage réjouissant et référencé qui s’inscrit dans la débauche de modèles en tout genre, de la pointe de brie au mini-Taj Mahal à accrocher au sapin, que l’on trouve depuis quelques années au moment des fêtes.
Boule de Noël Proust, Alessi, 20 €.
Le parfum de nuit ose tout, c’est même à cela qu’on le reconnaît. A commencer par l’excès des concentrations, qui chavire les sens en bousculant les codes des eaux diurnes qui nous ont tellement habitués à la fraîcheur à tout prix. Il ose surtout s’aventurer sans complexe sur le terrain de la séduction, en jouant en majeur les matières premières incendiaires : le benjoin hypnotique de Pas ce soir Extrait (BDK), le patchouli voluptueux de Rouge chaotique (Byredo), la rose ténébreuse de l’Eau du soir (Sisley) ou le bois de oud troublant de Myriad (Louis Vuitton). D’une sophistication et d’une irrévérence assumées, ces extraits de parfum au sillage infini sont taillés pour faire durer la magie jusqu’au petit matin.
Eau du soir, édition limitée par Ymane Chabi-Gara, Sisley, – Pas ce soir Extrait, extrait de parfum, BDK – Myriad, extrait de parfum, Louis Vuitton – Rouge chaotique, extrait de parfum, Byredo
Les vignes de pessac-léognan viennent frôler les premières habitations du sud de la ville de Bordeaux. Seules des familles indépendantes détiennent cette appellation, née en 1987. Le domaine Château Carbonnieux, dirigé par Eric, Christine et Philibert Perrin – frères et sœur, et quatrième génération –, est réputé pour ses vins blancs. Leur dernière cuvée arrivée sur le marché, 1741, rend hommage au créateur du lieu, un certain Dom Galéas : un pur sémillon, cépage oublié de la région, élevé pendant plus de deux ans. Une pépite éblouissante. De leur côté, les frères Armand et Matthieu Cogombles s’inscrivent dans les pas de leurs aïeux au Château Bouscaut. Leur rouge 2019, magnifique, est un vin très contemporain, délicat, juteux et velouté, auquel on souscrit spontanément.
Château Carbonnieux, 1741, Hommage à Dom Galéas, pessac-léognan, blanc, 2020, 140 €.Château Bouscaut, pessac-léognan, rouge, 2019, 16,90 €.
Célèbre pour les meubles aux courbes sensuelles qu’il a imaginés tout au long des années 1960 et 1970, le designer Pierre Paulin (1927-2009) ne peut être réduit à cette phase. Il y a sept ans, le Centre Pompidou lui consacrait une rétrospective et revenait sur les années 1950, la période préorganique méconnue du jeune créateur, qui se passionne à l’époque pour la Scandinavie, dont il découvre l’esthétique lors d’un séjour en Suède. Pierre Paulin, alors fraîchement diplômé de l’école de design et d’architecture intérieure Camondo, s’approprie cet univers en dessinant le CM137, un fauteuil généreux, enveloppant et très confortable, composé d’une coque en mousse polyuréthanne moulée, vissée sur un piètement en tube d’acier. Un modèle qu’il développe pour Thonet France en 1953, dont le fabricant néerlandais Artifort récupérera les droits à partir de 1958 et qu’il rebaptisera Oyster (huître en anglais). Il y a six ans, Benjamin Paulin, fils du designer, s’est attaché à récupérer les droits du modèle pour le faire rééditer par Ligne Roset, complétant ainsi un début de collection montée par l’éditeur autour de cette période de jeunesse de Pierre Paulin, avec le bureau Tanis et le canapé Daybed.
Fauteuil et repose-pied Oyster CM137, de Pierre Paulin, Ligne Roset, 2 515 € le fauteuil.
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Marie Godfrain, Fiona Khalifa, Litza Georgopoulos, Sophie Abriat, Lionel Paillès et Laure Gasparotto
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